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ARTI’VIEW by ARCHES® Éric Fourmestraux : son voyage artistique entre inspiration et hommages

Éric Fourmestraux

Quelle(s) technique(s) utilisez-vous ?

Je ne suis pas attaché à la technique mais au propos. Je n’ai donc pas de technique privilégiée. J’ai commencé à présenter mon travail lors une exposition personnelle en 2013 à la galerie Schumm-Braunstein à Paris grâce à la gravure et au dessin. Mais je peux travailler aussi la sculpture, la photographie, le son, l’installation. Chaque idée en entraîne une autre et je ne me limite pas à un outil, un matériau…

© Éric Fourmestraux. Portrait.

En quelques mots, comment pouvez-vous qualifier votre art ?

L’art de la rencontre ! Ou de façon plus exhaustive : Depuis toujours, je garde tout, ou presque. Je récupère, déterre, accumule, amoncelle toutes sortes d’objets qui font partie intégrante de ma vie. Trouvailles mises au rebut ou fragments de la nature, ils jalonnent mon histoire sans être classés ni répertoriés. Ces « trésors », que je m’accapare avec amour, attendent parfois des années avant de resurgir de ma mémoire, pour devenir un jour source de création.

C’est parfois simplement un mot, une phrase, une expression… une découverte au détour d’un chemin, qui donne naissance aux prémices d’une œuvre.

Au-delà d’une locution dont je joue ou d’un objet que j’imprime, ce peut être aussi une personne ou son souvenir, la mémoire d’un artiste ou d’une de ses œuvres qui vient nourrir mon travail. Une tentative de rendre un hommage.

De l’ordre de l’intime ou de l’histoire collective, une âme commence à poindre. J’en déroule délicatement le fil avec une douce émotion – de peur de le briser – jusqu’à ce qu’il devienne le fil rouge de ma pensée.

Ce sont ces rencontres, fortuites ou dirigées, qui sont l’essence même de mon travail.

Quels sont les sujets qui vous inspirent ?

L’absence, le manque, la mémoire. Et tout cela se retrouve souvent sous forme d’hommage.

Selon vous quel est le plus grand artiste de tous les temps ? Pourquoi ?

Question compliquée… ça dépend de quel point de vue on se situe.

Pour son éternelle inventivité, Picasso me semble être un artiste important. Je n’aime pas tout son travail, mais il n’a cessé de se réinventer et de dépasser ses limites, malgré sa grande maîtrise du dessin. Mais Picasso me semble aussi être un artiste monstrueux, au regard de sa relation avec les femmes.

Et à propos de femme, justement, Louise Bourgeois est une des plus grandes artistes avec ses sculptures monumentales et ses installations. Et Marina Abramović, pour son art de la performance. Mais si l’on parle d’art conceptuel, Marcel Duchamp est incontestablement le plus grand, et j’ai un faible aussi pour Joseph Kosuth.

Les artistes qui m’inspirent pourraient être Joseph Beuys, Joseph Kosuth, Marcel Duchamp, Dieter Roth, Christian Boltanski…

Racontez-nous un moment décisif dans votre carrière artistique (un premier souvenir / forte expérience artistique, une rencontre avec une personne, une oeuvre…)

Le 28 janvier 2013, à l’école Vicq d’Azir dans le 10ème arrondissement de Paris, dans laquelle j’ai travaillé comme professeur d’arts plastiques pendant neuf ans, lors de la commémoration de l’anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau du 27 janvier 1945 par l’Armée rouge, j’ai été profondément touché à la lecture des noms, prénoms et âges des quarante-huit enfants juifs déportés de cette école, par un de leurs anciens camarades du quartier, Pierre Degenszajn, né le 11 janvier 1931. Une était sa cousine germaine… une autre sa petite amie…

Depuis cette rencontre, je n’ai cessé de penser que je leur rendrais hommage, un jour, au-delà du cadre scolaire, au moyen de ce médium qu’est la gravure, sous la forme d’une installation.

Un projet d’exposition à La Celle-Saint-Cloud prévu en 2019 par l’association Graver Maintenant, en a été le déclencheur. J’ai pris au pied de la lettre l’injonction « Ne les oublions jamais » au pied de la plaque commémorative.

Fourmestraux_In memoriam

In memoriam (aux quarante-huit enfants juifs déportés de l’école Vicq d’Azir à Paris 10e), 2018-2019. Installation de 48 matrices | cintres en bois de tailles diverses et de leur impression en taille d’épargne sur feuille de Velin BFK Rives® 250 g/m2 H. 50 x 33 cm suspendue par mini pinces à dessin – 6 accrochés au mur et 42 suspendus à une barre penderie murale avec piétements de soutient en tubes d’aluminium Ø 30 mm et raccords tubulaires, H. 145 x L. 350 cm – 48 éprouvettes verre et bouchons liège avec copeaux et poussière de bois de cintre sur trois supports de présentation – casque audio et fichier son avec les voix de Pierre Degenszajn 87 ans, Yal Rey 11 ans et Myriam Anselme 9 ans.

Pour écouter la bande-son de l’œuvre :

http://www.eric-fourmestraux.com/videos/eric-fourmestraux-in-memoriam_son.mp3

C’est aussi lors de cette année 2013, que la galerie Schumm-Braunstein m’a proposé ma première exposition personnelle !

Comment s’est déroulé votre premier contact avec le papier ARCHES® ?

En 2010 j’ai reçu le Prix Corot au 26e Salon de l’estampe contemporaine de Graver Maintenant, à Rueil-Malmaison. Il était doté d’un paquet de cent feuilles format Jésus de Velin d’ARCHES®.

Par la suite, je suis passé au Velin BFK Rives® blanc, car j’aime bien sa blancheur, justement !

Le papier ARCHES® en un mot ?

Amoureux

Éric Fourmestraux _ Les trois graisses

© Éric Fourmestraux. Les trois graisses # light # regular # bold (hommage à Raphaël), 2014, taille douce, taille d’épargne et broderie (sans fil) sur papier Velin BFK Rives® 250 g/m² – Format 50 x 32,5 cm

Eric Fourmestraux - Marie-Louise BÉGUÉ, née LIGNÈRES (1904-1978), ma grand-mère, 2012

© Éric Fourmestraux. To Marie-Louise BÉGUÉ, née LIGNÈRES (1904-1978), my grandmother, 2012. Matrice en gant de grand-mère et broderie sur papier Velin d’ARCHES® 250 g/m² – Format 58 x 38 cm

E. Fourmestraux - Là, tout n'est quamour_2021_pointe sèche, embossage et lettres à frapper, en deux matrices distinctes, H. 76 x 58 cm

© Éric Fourmestraux. Là, tout n’est qu’amour…,2021 pointe sèche, embossage et lettres à frapper, en deux matrices distinctes sur papier Velin BFK Rives® 250 g/m² – Format 76 x 58 cm

Eric Fourmestraux - Une maille a l'endroit, une maille a l'envers

© Éric Fourmestraux. Une maille à l’endroit, une maille à l’envers, 2020. Lettres à frapper, impression en taille-douce et en taille d’épargne sur papier Velin BFK Rives® 250 g/m2 écru – Format 58 x 76 cm

Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Je travaille pour la prochaine exposition de Graver Maintenant, Voir Ailleurs, prévue en novembre et décembre 2025 à l’atelier de la Fondation Taylor à Paris.

J’avais l’idée un peu conceptuelle de trouver un point, le centre géographique des pays avec lesquels nous avons déjà eu des échanges et que nous avons invité à participer, le Québec, le Brésil, l’Espagne, la Belgique et la Suisse, et bien sûr la France !

Et puis, avec l’actualité, une idée s’est imposée à moi et ce sera une gravure sur Gaza.

Un point GPS, celui d’un hôpital, et une photo du 14 juin 2024 à Gaza, où le personnel médical de l’hôpital Al-Ahli Arabi se recueille devant le corps enveloppé de leur collègue, une infirmière qui a été tuée lors d’un bombardement israélien la nuit précédente dans le camp de réfugiés de Shati, dans les locaux de l’hôpital.

Après une installation en hommage à des enfants juifs déportés et l’installation Chacun porte sa croix, réalisée en 2023 grâce à une amie architecte d’intérieur devenue carmélite, cela me parait cohérent…

Avez-vous d’autres projets en cours ou à venir ?

Des tas d’idées me traversent tout le temps. Elles se posent quelque part dans ma mémoire et resurgissent inopinément.

Je ne sais pas quand je la réaliserai, mais j’aimerais faire une série sur l’ossuaire de Douaumont, près de Verdun où je suis allé avec des élèves et où je suis retourné avec ma femme pour prendre les mesures des vitres au travers desquelles on voit les ossements de toutes ses personnes dont la vie a été sacrifiée et dont on ne connaît pas l’identité.

Mais j’aimerais aussi réaliser mon abécédaire de femmes remarquables, idée première avant qu’elle ne se transforme en abécédaire d’autrices quand la galerie librairie Mouvements m’a proposé une exposition personnelle.

Éric Fourmestraux _ Ecrire, disent-elles

© Éric Fourmestraux. Écrire, disent-elles vingt-six autrices à ne pas oublier de lire avant de mourir, 2020. Chaque dessin portrait ou citation au format 38 x 28,5 cm est réalisé sur papier Velin BFK Rives® 250 g/m²

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