ARTI’VIEW by ARCHES Youri Messen-Jaschin, un illusionniste au talent démesuré !
En quelques mots, comment pouvez-vous qualifier votre art ?
C’est un art en mouvement. Il suffit pour s’en rendre compte de se tenir, assis ou debout peu importe, les yeux rivés sur une de mes œuvres. Vite, parfois très vite, le monde chavire. Certains sont justes impressionnés par l’exercice de patience qu’il aura fallu à l’artiste pour inventer ces formes répétées à l’infini et qui elles-mêmes réunies donnent une autre dimension à l’œuvre. D’autres se sentent comme aérés, aspirés, par ces gondolages optiques créés d’ombres et de lumières, agencés de manière à prendre des formes inexistantes sauf pour celui qui les regarde. D’autres encore se sentent mal. Ils doivent détourner le regard pour éviter une sorte de nausée causée par un roulis ou un tangage du cerveau. C’est le propre de l’art cinétique ou de l’Op Art maîtrisé.
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est l’Op Art ?
L’Op Art ou Art Optique, qui met en scène des illusions d’optique, est un art mathématique. Des couleurs, des traits, des cercles, un agencement sophistiqué de lignes de différentes épaisseurs et l’illusion d’optique vibre jusqu’au ressenti physique.
Tout est calculé au centième de millimètre pour arriver à ce fourvoiement de la vision qui fait qu’une chose qui n’existe pas soit détectée par le cerveau. Ceci dans des teintes différentes, dépendant des dispositions de la personne qui le regarde, de sa manière de le percevoir et de l’impact que l’image peut avoir sur telle ou telle partie du cerveau. Une maîtrise inouïe du trait à main levée est nécessaire pour arriver à une œuvre aboutie.
Quels sont les sujets qui vous inspirent ?
Dans l’Op art, l’inspiration ne repose sur aucun sujet précis. Cette forme d’art est entièrement fondée sur l’utilisation de formes géométriques et mathématiques. Lorsque je crée une œuvre, j’ai déjà en tête la prochaine réalisation à entreprendre, et ainsi de suite. Cependant, quand je commence à esquisser ma prochaine pièce, le médium final m’est encore inconnu.
Timbres-poste suisses
C’est au fur et à mesure que j’avance dans mes dessins ou mes maquettes que les idées se précisent. Finalement, c’est à la fin de ce processus créatif que je décide de la nature de l’œuvre : elle peut se transformer en une peinture à l’huile, une sculpture, une sérigraphie, une tapisserie murale, une installation ou un collage.
Selon vous, quel est le plus grand artiste de tous les temps ?
Dans l’architecture : Ruy Ohtake, architecte brésilien rencontré à Sāo Paolo et Oscar Niemeyer rencontré à Rio de Janeiro.
Dans l’art : Henry Moore, célèbre pour ses sculptures en bronze aux formes sensuelles et élancées, a su capturer une beauté saisissante dans chacune de ses œuvres. Reconnu pour ses bronzes abstraits, il explore principalement des abstractions de silhouettes humaines, transformant chaque pièce en une métaphore puissante du corps et du paysage. Ses figures monumentales semblent presque vivantes, témoignant d’une maîtrise impressionnante de la forme et de l’espace.
Les œuvres de Moore se caractérisent souvent par des ouvertures intrigantes ou des cavités, rappelant des excavations qui captivent le regard et stimulent l’imagination. Ces formes ondulées et étendues évoquent le paysage lui-même, créant une puissante résonance entre le corps humain et les éléments naturels comme les falaises, les grottes et les flancs de collines. Moore tisse un dialogue subtil entre le corps et les formes organiques, notamment en intégrant des références aux ossements humains et animaux, ce qui confère à ses sculptures une résonance profonde et universelle.
Ces analogies profondes invitent à une réflexion sur la connexion essentielle entre l’humain et la nature. Les œuvres de Moore célèbrent la vie dans toute sa complexité et sa splendeur, offrant une perspective unique sur notre place dans le monde. En contemplant une sculpture de Moore, on est invité à méditer sur l’interconnexion de la vie, l’art et l’environnement, faisant de son travail une exploration fascinante de la condition humaine.
Racontez-nous un moment décisif dans votre carrière artistique…
Lors de mes études à l’Université de Göteborg, où je m’immergeais déjà dans l’univers des arts textiles à travers des formes géométriques, je n’avais pas encore décidé dans quel style d’art je me lancerais. Pointillisme, abstraction, surréalisme… les options semblaient infinies. Cependant, tout a changé lors de ma visite à la Konsthall pour la première exposition en Suède dédiée à l’art optique et cinétique, mettant en vedette des œuvres de maîtres tels que Jesús Rafael Soto, Cruz-Diez et Julio Le Parc. Dès que j’ai franchi le seuil de ce musée, j’ai été captivé par l’art en mouvement, un monde où chaque œuvre semblait respirer en créant des illusions devant mes yeux.
C’était une révélation : je savais que j’allais passer toute ma vie à créer l’art en mouvement. Lors du vernissage, j’ai eu le privilège de rencontrer ces artistes visionnaires. Leur présence et nos échanges sur les racines de cet art en mouvement ont été profondément inspirants. J’ai même eu l’honneur de les inviter chez moi, où ils m’ont partagé encore plus profondément les fondements de leur art.
Depuis cette rencontre transformative, je me suis dédié à l’Op Art, explorant sans cesse de nouvelles façons de captiver et de faire chavirer mon public avec des illusions optiques. Chaque pièce que je crée est une invitation à plonger dans un univers où la perception devient un jeu, où l’illusion et la réalité se mettent en mouvement.
Youri Messen-Jaschin en Face à Face (youtube.com)
Comment s’est déroulé votre premier contact avec le papier ARCHES® ?
Mon exploration des différentes fibres dans la création de mes œuvres, notamment en xylographie et sérigraphie, illustre bien l’importance cruciale du choix du papier dans les arts graphiques. Mon expérience à l’École Supérieure des Beaux-Arts à Paris, guidée par mon professeur Robert Cami, m’a enseigné l’importance d’expérimenter avec divers types de papier afin de trouver celui qui met le mieux en valeur les qualités de mes encres d’impression.
J’ai toujours privilégié l’utilisation de papiers nobles, faits à la main et composés de fibres variées telles que le riz, végétal et le coton. Cet engagement envers la qualité et l’authenticité de mes œuvres se reflète dans le choix de ces papiers qui, grâce à leurs fibres spécifiques, offrent des textures, des poids et des capacités d’absorption d’encre influençant profondément le rendu final de l’impression.
La découverte du papier d’Arches a été un tournant, révélant un support supérieur en termes de structure et de qualité pour mes œuvres. Sa capacité à améliorer la profondeur des noirs en xylographie et à intensifier la luminosité des couleurs en sérigraphie souligne ses propriétés exceptionnelles. Ces caractéristiques sont probablement dues à sa composition en fibres de coton longues, qui favorisent une meilleure absorption et rétention des encres sans compromettre la brillance des couleurs. De plus, la durabilité remarquable du papier d’Arches, capable de conserver sa qualité pendant 50 ans ou plus, le distingue comme un choix de vie sans égal.
Le papier ARCHES® en un mot ?
L’intensité et profondeur des couleurs, et durabilité dans le temps.
Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
En ce moment, je mets la touche finale à une tapisserie murale entamée en juin 2023, qui trouvera son achèvement cet automne sur mon métier à tisser basse lisse.
Parallèlement, je travaille sur une nouvelle œuvre d’Op Art en sérigraphie, réalisée sur le plus grand format de papier d’Arches disponible, le Velin d’ARCHES® 400 g/m² 120 x160 cm, en collaboration avec l’atelier de sérigraphie en Autriche, Stainer Co. à St. Martin/Lofer.
Fin de cette année, je vais également avoir le plaisir de créer une sérigraphie avec Lorenz Boegli, mon sérigraphe de prédilection depuis plus de dix ans.
À cela s’ajoutent deux nouvelles peintures à l’huile sur toile de lin, explorant de nouvelles dimensions en Op Art et mes illusions optiques cachées dans mes œuvres.
En parallèle, je suis en train de rédiger un roman inspiré d’un voyage effectué pendant la période de la dictature en Argentine, une œuvre qui promet d’être aussi riche en émotions qu’en réflexions.
Chacun de ces projets représente une facette de ma quête artistique, un voyage à travers différentes techniques et médiums, tous unis par le désir de capturer et de communiquer des moments, des histoires et des expériences uniques.
Avez-vous d’autres projets en cours ou à venir ?
En 2025, j’aspire à réaliser une grande sculpture Op art pour une exposition majeure prévue dans une fondation située dans le Jura neuchâtelois, à condition que le sponsor accepte de financer le projet. Cette œuvre intégrera de l’inox, du plexiglas sérigraphié et du fil indestructible, combinant durabilité et esthétique moderne.
Dans les années à venir, je prévois également de continuer à explorer mes recherches dans le mouvement et mes illusions optiques, notamment à travers des nouvelles peintures à l’huile, sérigraphies et tapisseries murales. Ma créativité est sans limites et je m’engage à repousser constamment les frontières de l’art, de quoi faire chavirer mon public.
Parallèlement à mon travail artistique, je poursuis mes recherches en neurosciences avec le projet “Brain Project 2”, en collaboration avec l’hôpital universitaire de Lausanne, l’Inselspital à Berne, l’Institut Max Planck à Leipzig, mon équipe de chercheurs en neurosciences.
Nous espérons trouver le financement nécessaire pour lancer “Brain Project 3”. Dans le domaine des sciences, une recherche n’est jamais vraiment terminée.
L’Op art rencontre les neurosciences – Éditions Favre (editionsfavre.com)
https://www.editionsfavre.com/livres/lop-art-rencontre-les-neurosciences/
Avec mes scientifiques, nous partageons régulièrement de nouvelles idées pour développer et enrichir notre projet. Cette synergie entre art et science ouvre des horizons passionnants et contribue à une meilleure compréhension du cerveau humain et de l’Op Art.
« Sciences et art un excellent amalgame. »
Youri Messen-Jaschin
Youri Messen-Jaschin (yourimessenjaschinopart.com)
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Youri Messen-Jaschin – Book ” Op art meets neurosciences ” Brain Project ” – PM. Favre (editor) & Association Brain Project | LinkedIn
