Exposition Corpus d’Ulrich Lebeuf au centre pour la photographie du château de l’hom
Du 14 octobre au 5 novembre 2023, le Centre pour la photographie du Château de l’Hom à Gaillac (France) accueille l’exposition d’Ulrich Lebeuf intitulée Corpus.
Exposition Corpus
Elle nous dévoile la représentation du corps dans le travail photographique de l’artiste. Les photos, tirées en partie sur du papier ARCHES® Aquarelle 640g grain fin, appartiennent aux différentes séries qu’Ulrich Lebeuf a constituées depuis une vingtaine d’années.
ARCHES Aquarelle – Arches Papers (arches-papers.com)
Elle met en relief la variété des contextes et des techniques utilisés par l’artiste, ainsi que les constantes de l’approche photographique au corps des sujets représentés.
Les corps, nus ou habillés, très présents dans le travail d’Ulrich Lebeuf, suscitent des émotions et suggèrent la place du sujet dans la société. Les tatouages et les vêtements sont montrés comme des façons supplémentaires d’exprimer sa personnalité ou ses convictions. L’impression qui émane des personnes est souvent la fragilité, la vulnérabilité, même si leur présence photographique est forte.
© Ulrich Lebeuf – Duecento-Famille, tirage sur papier ARCHES® Aquarelle 640g grain fin, format 105 x 75cm
© Ulrich Lebeuf – Khaos, tirage sur papier ARCHES® Aquarelle 640g grain fin, format 105 x 75cm
Qui est Ulrich Lebeuf ?
Ulrich Lebeuf est un photographe français né en 1972 à Champigny-sur-Marne, France. Il est le directeur artistique du festival de photographie MAP à Toulouse depuis 2014 et il anime des ateliers en France et à l’étranger.
En mai 2016, il reçoit le Prix Jean Dieuzaide décerné́ par l’Académie des Arts du Languedoc, cette récompense saluant son travail photographique (rôle de témoin lors de grands évènements, via ses clichés pour la presse française et internationale) et son engagement dans la promotion de la photographie en tant que directeur artistique.
Membre de l’agence MYOP depuis janvier 2007, ses travaux sont publiés dans Le Monde, Libération, The New York Times ou des magazines comme Grazia, VSD, Géo…
Les photographies d’Ulrich Lebeuf sont réalisées sur les terrains de l’actualité́, lieux de conflits ou de pouvoir, lieux où l’histoire se décide et se fait.
En parallèle à son travail pour la presse, il poursuit des travaux photographiques plus personnels, où il alterne les processus photographiques selon les sujets : de la couleur, au noir et blanc, en passant par le Polaroïd, ou des procédés proches de l’art pictural.
Ulrich Lebeuf et la photographie
« Deux évènements m’ont amené à la photographie : en colonie de vacances, à l’âge de 14 ans, la « révélation » de ce qu’est un labo et aussi la découverte d’un livre mythique dans le grenier de mon grand-père : Images à la sauvette de Cartier-Bresson.
Le photojournalisme s’est imposé assez rapidement : pour aller voir ailleurs, assouvir ma curiosité, aller vers les autres. Plus tard, dans un deuxième temps, est arrivée la réflexion sur l’acte photographique, et cette évolution a amené une écriture personnelle dans mon activité de photojournalisme. Mais le reportage est resté le prétexte pour pouvoir aller vers des gens différents par leur culture, leur classe sociale, etc.
Je suis autodidacte et travaille de façon viscérale, ce qui me semble un gage de sincérité. Alternant photo de presse et démarche plus artistique, je trouve que l’un nourrit l’autre, stimulant ma réflexion. Pour partir sur un projet, je me questionne sur l’outil qui sera le plus adapté à mon propos. Cela relève de l’instinctif et doit servir le travail. Il y a, pour moi, un besoin d’expérimenter différentes techniques, mais ma production est cohérente malgré la diversité des approches.
On me dit que, dans mes photos, la personne semble proche de celui qui la regarde. Peut-être que c’est parce que, foncièrement, j’aime les gens que je photographie. J’essaie d’installer la sincérité, d’éviter la posture du photographe afin que l’humain passe avant et que la photo soit une conclusion.
Tous les sujets personnels sont liés à ma vie. Par exemple, le livre sur AZF est né parce que j’ai vécu cette explosion à 300 mètres de distance. J’observe que la violence est quelque chose de récurrent dans mon travail. Ma vision du monde est devenue dure.
La série Khaos est née d’une indigestion de violence au cours des rendez-vous hebdomadaires que je couvrais en tant que reporter. Cela a été un virage, je n’en pouvais plus d’être témoin d’une telle violence, qui semble d’ailleurs universelle. Je me sers de la matière de photojournalisme, déstructurant la photo, l’agrandissant, la recadrant afin de créer quelque chose de sombre, une chorégraphie de la violence, un spectacle. C’est très personnel.
J’envisage la destruction des images, utilise maintenant souvent le recadrage. À quel moment se fait la photo ? Et, de plus en plus, mes sources d’inspiration relèvent de la peinture.
La série récente Spettri di famiglia ressemble à Khaos par l’utilisation de la verticalité, de la Piézographie et du grain. L’obscurité est plus présente dans mes photos et, à ce propos, ma rencontre avec Pierre Soulage a été une révélation absolue, en particulier quand il m’a fait comprendre qu’il n’y a rien de mieux que d’être dans l’obscurité pour percevoir la lumière. La subtilité de la lumière, la photo, c’est ça. »